« Le besoin urgent de développer des comités de travailleurs de la base sur chaque lieu de travail et à travers les frontières nationales n'a jamais été aussi clair »

Les remarques suivantes ont été prononcées lors d'une réunion Zoom des travailleurs de Royal Mail, dimanche, en tant que message de solidarité du Comité de base des travailleurs des postes à Postes Canada.

La réunion du Comité de base des travailleurs des postes (Royaume-Uni) avait pour but de discuter d'une riposte contre la collusion du Syndicat des travailleurs de la communication avec la restructuration brutale de Royal Mail, avec le soutien du gouvernement travailliste, en préparation de l'offre publique d'achat d'EP Group, la société de capital-investissement appartenant au milliardaire Daniel Kretinsky.

Des salutations fraternelles ont été apportées par Daniel Berkley dans le cadre de la collaboration de l'Alliance ouvrière internationale des comités de base.

La contribution de Daniel, un postier rural de Postes Canada, a souligné le caractère mondial de l'assaut contre les travailleurs postaux et la nécessité d'une riposte unifiée contre la bureaucratie syndicale qui, dans chaque pays, s'aligne sur les employeurs et les gouvernements pour intensifier l'exploitation et détruire des emplois, réduire les salaires et saccager les conditions d'emploi.

Un bureau de Postes Canada à Winnipeg, Manitoba [AP Photo/Trevor Hagan]

Bonjour. Je m'appelle Daniel Berkley et je suis travailleur postal en milieu rural à la Société canadienne des postes. Je suis un membre actif du Comité de base des travailleurs des postes (Canada) et je suis heureux d'avoir l'occasion de contribuer à cette réunion.

Je ne suis pas ici aujourd'hui en tant qu'individu. Je parle en tant que délégué de la base qui représente les intérêts de 55.000 travailleurs postaux canadiens dont les conventions collectives actuelles ont expiré à la fin de 2021 et au début de 2022. La préparation d'une contribution pour cette réunion a nécessité des conversations avec notre Comité de base et des discussions avec des collègues de mon dépôt. À l'unanimité, tous m'ont demandé d'envoyer un message de salutations fraternelles et de faire de mon mieux pour faire comprendre que, même si nous sommes séparés par la géographie, les couches les plus avancées de la classe ouvrière canadienne sont solidaires des luttes des travailleurs de Royal Mail de l'autre côté de l'Atlantique.

Gagner ces éléments avancés des travailleurs postaux dans les Comités de base n'est pas automatique simplement parce que nous nous trouvons en pleines négociations contractuelles et que nos conditions de travail deviennent insupportables, ce qui est le cas. Ces conditions objectives nous donnent l'occasion de développer les comités. Cependant, chaque contact que nous avons gagné au comité a été le résultat de notre perspective socialiste correcte et basé sur des conversations et des clarifications politiques parfois longues.

Si l'on revient un instant en arrière, en 2021-2022, lorsque nos conventions collectives expiraient, notre syndicat a eu l'occasion de se préparer à une grève totale alors que la politique de « profit avant la vie » de notre gouvernement soi-disant libéral était pleinement affichée durant la pandémie. Cette politique pandémique de la classe dirigeante a été crûment décrite en 2020, lorsque le Premier ministre de l'époque, Boris Johnson, a déclaré – et je vous prie d'excuser mon langage – « Plus de putains de confinements ! Que les cadavres s'empilent par milliers ! »

Depuis lors, même les mesures élémentaires de santé publique visant à traquer et à éliminer le COVID ont été abandonnées à l'échelle mondiale afin que les grandes entreprises puissent continuer à faire des profits sur le dos et la vie des travailleurs. Le World Socialist Web Site reste la seule publication qui maintient une position de principe sur cette question. Aujourd'hui, il n'y a pas de mesures d'atténuation sur nos lieux de travail, alors que le variant KP.3 circule parmi les étudiants au début de leur nouvelle année scolaire.

Au lieu de se préparer à des négociations ou à une grève à l'expiration de nos conventions collectives au début de 2022, le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes (STTP) a unilatéralement accepté de prolonger les conventions collectives de deux ans. Ces prolongations ont maintenant expiré et nous nous trouvons au milieu de négociations contractuelles prolongées. Le STTP a annoncé un vote de grève qui a débuté la semaine dernière et qui se terminera le 20 octobre.

Une déclaration récente du Comité de base des travailleurs des postes (Canada) encourage les travailleurs à voter OUI à la grève tout en avertissant que « si on laisse faire la bureaucratie du STTP, nous ne ferons jamais grève, même si nous obtenons un vote de grève unanime ».

Tandis que « nos » syndicats lancent des appels démagogiques à leurs postiers respectifs, il n'en reste pas moins que « nos » syndicats sont alignés dans une alliance corporatiste tripartite avec le gouvernement et le patronat. Les bureaucrates syndicaux lâches ne songeraient jamais à défier un ordre de reprise du travail, qui nécessiterait une large mobilisation des travailleurs dans tous les secteurs d'activité et dans toutes les zones géographiques. Les travailleurs comme moi ont connu une série de luttes contractuelles où nous nous sommes retrouvés face à des gouvernements conservateurs ou libéraux ; le STTP joue consciencieusement son rôle de classe en nous abandonnant immédiatement sur l'autel tout-puissant du profit.

Depuis plus de deux ans que nos conventions collectives sont expirées, l'IA et l'automatisation ont eu un impact sur nos lieux de travail, qu'il s'agisse d'une usine de tri, d'un espace de vente au détail ou d'un dépôt de courrier. Entre le United States Postal Service, UPS et, bien sûr, Royal Mail – je suis sûr qu'il y en a d'autres – il est devenu clair que ces attaques contre les travailleurs sont négociées et appliquées par diverses bureaucraties syndicales qui se préoccupent davantage de la rentabilité que de conditions de travail et de salaires décents.

La classe ouvrière internationale partage les mêmes intérêts de classe fondamentaux, et nos négociations contractuelles ici sont liées aux conditions de travail dans l'ensemble de l'économie mondiale.

Les nouvelles technologies d'automatisation comme le courrier séquencé par la machine et les technologies d'IA comme la livraison dynamique ont le potentiel de raccourcir nos semaines de travail et d'améliorer nos emplois, mais ce potentiel ne peut être réalisé qu'avec un mouvement indépendant de la classe ouvrière internationale. La mise en œuvre de l'automatisation et de l'IA à Postes Canada a un impact énorme sur notre charge de travail dans certains dépôts à travers le pays et sera bientôt élargie selon les récentes mises à jour du syndicat.

Je pense qu'il est clair que nous devons sortir des limites de nos syndicats respectifs qui utilisent tout le poids de leurs bureaucraties pour nous démobiliser et nous isoler.

Le besoin urgent de développer des comités de base des travailleurs dans chaque lieu de travail et à travers les frontières nationales n'a jamais été aussi clair, et c'est exactement ce que nous faisons dans cette réunion ici aujourd'hui. Cette réunion a été organisée par nos frères et sœurs du Royaume-Uni et est affiliée à l'Alliance ouvrière internationale des comités de base. Les articles publiés sur le World Socialist Web Site concernant les luttes des travailleurs postaux sont consultés par des milliers de travailleurs.

Cette réunion elle-même et notre capacité à atteindre de plus en plus de travailleurs sont l'expression des conditions objectives imposées à la classe ouvrière internationale. Dans le monde entier, les travailleurs postaux sont confrontés à une augmentation de la charge de travail, à une diminution des salaires et à une détérioration de la sécurité sur le lieu de travail.

Nous sommes tous dans le même bateau ! Je vous remercie encore une fois de m'avoir donné l'occasion de participer à cette réunion. Si vous avez des questions auxquelles je peux répondre, je suis à votre disposition. Je vous salue.

(Article paru en anglais le 17 septembre 2024)

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